Nous arrivons de nuit à Auschwitz.
Après avoir traversé une partie de la République Tchèque, nous traversons la frontière et arrivons en Pologne. Il est tard. Le paysage est couvert d’arbres. J’ai en tête déjà les si rares personnes qui ont réussi à échapper aux Nazis et à se cacher dans la forêt. Je m’envisage fugitif et déjà j’ai froid. Comment réussir à se cacher, à survivre dans ce climat, dans cette pénombre, entouré d’ennemis. A l’époque cette partie de la Pologne est considérée comme Allemagne. Et quand bien même on survivrait à une nuit ou deux, comment rejoindre une zone libre ?
La route est étroite et un peu sinueuse. La forêt nous encercle. Malgré la saison, les nuits se rafraichissent. Face à nous apparaissent des fantômes blancs et fumeux. Le brouillard apparait en des formes qui paraissent humaines. Cela nous glace le sang. Comment ne pas penser à ce million de personnes décédées ici, exterminées dans ces camps ?
Nous traversons un pont en bois, peu visible et composé de plaques. Bruit, mouvement, va-t-il tenir ?
Un panneau nous indique le camps d’Auschwitz. Face à lui, à 200 mètres, le camping, lieu de mémoire, de recueillement et de silence. Nous dormirons là. Pas de choix : il n’y en a pas d’autre.
Nous plantons la tente, de nuit, dans le froid, la pluie. Tapis sous la tente nous cherchons le sommeil.
Quand il arrive enfin, un train de marchandises, métallique, long et bruyant semble passer à quelques centaines de mètres de nous. Cris stridents, hurlements. Astrid et moi avons le même sentiment, la même impression. Nous entrons dans l’ambiance de ce lieu chargé.
Demain et après-demain, nous découvrions l’horreur. Nous irons en famille, à Auschwitz, pour honorer 1,1 millions de personnes, exterminées sans autre raison que leur origine. Nous apprendrons des erreurs des hommes.
Le philosophe américain George Santayana disait : “Ceux qui ne peuvent se souvenir du passé sont condamnés à le revivre.”
Nous nous ferons la promesse de ne jamais oublier.
Leave a reply