Bulysse brule-t-il ?

Ce vendredi 6 août, nous venons de quitter nos amis « les Kilts en Poncho », une famille française composée d’Aurélie et de Sylvain et de leurs 4 enfants. Ces anciens expatriés d’Ecosse durant 3 ans sont arrivés en banlieue lyonnaise. Ils ambitionnaient de faire un tour d’Amérique latine. Mais La Covid-19 passant par là, le passage terrestre des frontières latinos semble impossible : C’est en Europe que leur projet de voyage prendra forme.

Ils étaient heureux de leur achat de camping car en Allemagne un an plus tôt. Celui-ci est particulièrement grand. Plus de 7 mètres si ma mémoire est bonne. Nous prenons le temps de visiter Nuremberg avec eux et de passer trois super soirées à papoter en français autour de dîners familiaux et amicaux. 

Ils veulent une photo avec leur camping car en avant, ayant peur que nos 13,50 mètres leur volent la vedette. On s’exécute. Puis on fait la photo inverse. Notre Bulysse au premier plan. Il n’y a pas photo.

Reprenant la route donc, je suis impatient de savoir si le car roule mieux après des petits ajustements sur des filtres à gasoil. 

Nous faisons le choix de ne pas rouler par l’autoroute car, en cas d’arrêt, les véhicules roulent beaucoup trop vite et c’est assez dangereux.

La Nationale nous donne plein d’avantages : découverte de jolis villages, facilité pour demander de l’eau aux habitants pour remplir notre cuve, aide à l’apprentissage de la conduite du car, sécurité en cas de panne. 

Oui mais voilà, nous sommes en Bavière. Et cette région est fortement vallonnée. Or, il se trouve que depuis toujours Bulysse n’aime pas les montées. Cela le fatigue et il s’endort après quelques kilomètres, souvent en pleine montée. 

Il me faut choisir la bonne vitesse, le bon rapport. Tout cela est particulièrement plus difficile car Bulysse déteste que je rétrograde. Alors si une descente doit se faire en 6eme, 7eme ou même 8eme, la montée est idéale en 3ème ou 4ème. Mais ces derniers temps, la montée n’était possible qu’en première à moins de 10 km/h. 

Aujourd’hui une montée à 15 % nous oblige à nous arrêter. Bulysse a calé. On le redémarre assez vite et je la fais en première. Astrid a géré la circulation et nous rejoins en marchant. Ouf on a réussi celle-ci. 

On repart avec une jolie descente… suivie d’une nouvelle montée. Rebelotte.

Cette fois-ci le redémarrage est plus difficile. 

On décide de s’arrêter pour la nuit à 10 km de là. Nouvelle panne, nouveau démarrage. Plus difficile encore. Je dois tourner le contact longtemps comme si le moteur s’était étouffé. 

Nouvelle panne. Plus que deux kilomètres. Dans d’autres circonstances nous aurions fait un arrêt long. On a envie d’arriver et de se reposer. J’essaye de démarrer assez longtemps. Puis j’arrête. 

Horreur : j’ai beau arrêter de tourner la clé, le démarreur continue de tourner. J’enlève la clé, il continue encore. Je réalise que, même si le moteur démarre, le démarreur va vider nos batteries. Il faut absolument l’arrêter. 

J’essaye le premier coupe circuit : échec. J’essaye le deuxième coupe circuit : échec. 

Je ne vois qu’une solution : le faire caler. J’enclenche une vitesse. Le véhicule avance un peu et s’arrête. Je refais une deuxième fois. Succès : le moteur s’arrête. 

Je regarde dans les rétroviseurs et je vois une épaisse fumée blanche s’échapper du local technique par le ventilateur.

Aille. Ils faut sortir et faire sortir les enfants. Ceylian prend en charge les petits apeurés qui sont pour certains pieds nus. Orties. Aille ouille.

Astrid, Malo et moi ouvrons la porte arrière et le volet qui donne accès au moteur. Malo nous dit qu’il y a du feu. Je ne le vois pas. Je vais chercher un extincteur poudre. « Non, allons plutôt chercher celui d’eau. » Astrid se souvient que la poudre risque de rendre le moteur très difficile à nettoyer, à récupérer. 

J’ai beau me pencher, je ne vois pas le feu. Il semble être derrière le compresseur d’air. Astrid asperge d’eau derrière. Malo lui a enlevé les vélos qui se trouvent face au moteur, séparés par une plaque en bois que j’avais peinte d’une peinture anti-feu, sur les conseils du formateur incendie qui nous avait prodigué une formation.  

Je vais chercher la clé qui ouvre la partie derrière le compresseur. Je sors 5 bacs d’affaires qui se situent sur cette partie, dans la salle technique. J’ouvre. Ça y est. Je vois bien le feu. Épaisse fumée mais pas très chaud. 

Astrid me rejoint et asperge. La fin de l’extincteur. Avec parcimonie. 

Ça repart. Nouvelle salve. C’est bon. Cela semble fini. 

Un attroupement s’est fait en face. Une personne appelle les pompiers. 

Je me dis que c’est l’assurance qui va surtout devoir arriver pour bouger le véhicule. 

Une dame a pris en charge Maya, Olympe et Opale. 

Ceylian avec Astrid retournent dans le bus chercher des affaires telles que des chaussures, des pulls, les ordinateurs. Les fumées à l’étage rendent cela assez périlleux. 

Je surveille le moteur. Une première voiture de pompier arrive. J’explique en allemand et anglais que tout va bien. 

Puis un, deux, trois, quatre, cinq, six et sept camions de pompiers. Lors du deuxième ils sont en combinaison avec le masque et la tenue comme s’ils allaient traverser un incendie de forêt. Ils sont 6 ou 7 à avancer ainsi. Impressionnant. 

Nous avions déjà repéré que, en cas de déplacement des pompiers, ils venaient toujours très nombreux. Sur l’autoroute nous avons souvent croisé entre 5 et 10 camions en convois, sirènes hurlantes. 

Celle fois-ci, c’est pour nous. 

Ils inspectent le moteur, préviennent une éventuelle nouvelle reprise. Pas de soucis. 

Une policière vient me voir et me parle en anglais. Je lui explique et la rassure que la qualité de notre assurance. 

Le Cabinet Ambrelia est partenaire et nous finance l’assurance véhicule. Elle est complétée par un super mécénat du groupe VYV. Pas de soucis à se faire. Nous avons une assurance tous risques. 

Nous revivons la scène avec chacun des enfants. Ils s’expriment sur leur vécu de l’incendie. Leurs réactions, leurs craintes, leurs actions, leurs fiertés.

Cela laissera des appréhensions, c’est sûr, de la part de tous. 

L’assurance organise le remorquage du bus et l’arrivée d’un taxi pour nous emmener dans un hôtel. Loin mais luxueux. 3 chambres, une piscine : Astrid, Maya et moi bénéficions de la suite de l’hôtel avec double balcon et jacuzzi. 

On dine des pâtes (les plus chères de tout notre voyage) et on va se coucher, fatigués mais vivants.

Le lendemain : le journal local relate l’évènement : https://www.onetz.de/oberpfalz/eschenbach/rauchentwicklung-wohnmobil-id3294053.html

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