Nous pensions faire une petite randonnée de 2H. J’avais aperçu à l’accueil du camping des photos d’escaliers en bois, de ponts, d’échelles, qui donnaient un avant goût d’une randonnée style parcours aventure. Je m’étais assurée avant de partir que le parcours pouvait se faire avec des enfants: “oui, oui, pas de problème!”. C’était en oubliant qu’il avait plu pendant une semaine auparavant, et que la crue avait déplacée les nombreux rondins qui jalonnent le parcours.
Au début de la randonnée, nous avons dû mettre les chaussures dans l’eau assez vite si on voulait poursuivre. D’autres randonneurs nous dépassaient, bien mieux équipés que nous, qui avions de petites baskets. Puis une première échelle. Le parcours commence à se corser. Les garçons ont avancé plus vite que nous, je suis seule avec les filles.
Le paysage est magnifique: forêt, cascades, nous progressons le long d’un cours d’eau. Il a été aménagé avec des marches en métal, des escaliers en bois, des échelles, des rondins… Mais arrive le moment le plus difficile de la randonnée: le cours d’eau a emporté une marche qui était indispensable pour se hisser sur un gros rocher. Je pose mon pied sur le bord de la marche cassée en équilibre et je cherche avec mes mains de quoi m’accrocher pour me hisser. Rien, que de la boue, pas une branche, pas une racine, pas un rocher à attraper pour monter. Je suis restée près d’une demi-heure là à chercher quelque chose auquel m’accrocher. Je regarde derrière moi, impossible de faire marche arrière. Le courant est très fort, nous avons marché près de 2H, les échelles sont impossibles à redescendre. Les filles commencent à s’inquiéter. Opale me dit: “maman, il faut y arriver, on ne peut pas rebrousser chemin.” Elle a raison. Je dois y arriver. Je creuse avec mes mains dans la boue pour trouver quelque chose. Je dégage une petite pierre pour me tenir. Je mets mon pied sur un petit bout de rocher, je me lance, convaincue que mon pied trempé allait glisser et que j’allais dévaler la cascade en moins de deux. Et non, ça passe!
Je dois maintenant faire passer les filles. Je creuse avec mes pieds un trou dans la boue pour ne pas tomber en me penchant. J’essuie mes mains mouillées sur mon pantalon, tant pis pour la boue ! J’attrape la main d’Opale et je la hisse. Ça y est, c’est bon. Maintenant Maya. Elle est si petite qu’elle ne parvient ni à mettre son pied sur le petit rocher, ni à attraper ma main. Elle panique. Je la rassure, je lui dit qu’elle va y arriver, je me penche d’avantage, je saisie sa main, et hop, la voilà en haut. Tout au long du parcours, des randonneurs nous ont dépassé. Etrangement, pendant toute cette heure coincées à cet endroit, personne n’est passé. Probablement parce que c’est la fin de journée, et que tous les marcheurs sont déjà devant. Je regarde mon téléphone, il ne capte rien dans la forêt. Nous poursuivons notre escalade, mais cette fois pour moi, la peur au ventre. les filles sont fatiguées, et Maya met plusieurs fois son pied à côté des marches. Nous espérons être à la fin, mais nous marcherons encore 2 bonnes heures avant d’arriver au bout.
Sur la fin du parcours, nous croisons une slovaque qui parle français. Elle n’en revient pas de nous voir: “Vous avez fait cette randonnée avec vos filles? mais elle est super dure avec la pluie qui est tombée ces derniers jours, c’est la plus difficile de la région! “. Arrivées au bout, il nous reste 1H30 de marche pour revenir au camping. C’est de nuit que nous retrouverons les garçons arrivés une bonne heure avant.
Les enfants ont adoré la randonnée, parce que chacun a dû se dépasser, affronter ses peurs, se dépasser. Ils en parleront pendant longtemps, de leurs ressentis, de la façon dont ils ont passé tel ou tel obstacle. En France, un tel parcours serait interdit dans ces conditions, bien trop dangereux, on serait harnaché tout du long ! Moi je suis ravie que tout se finisse bien, mais je pense que si j’avais su au départ la difficulté du chemin, je n’y serai jamais allée !
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